PAYSAGES CODES / PAYSAGES D'AILLEURS
Ces paysages questionnent à la fois la représentation d'un autre monde, l'évanouissement, la transformation de la nature, son réveil et sa disparition.
Le silence derrière les chiffres qui jaillissent exerce une solitude secrète, une immersion dans l'attente d'une réalité inéluctable qui s'annonce. Ces chiffres binaires évoquent un ordinateur quantique ainsi que tous les codes qui permettent la création d'autres réalités.
Malgré la présence de la glace, l'eau est inerte, laiteuse, vivante et vibrante. Elle appartient à ce monde bien présent qui devient illusoire, fabriqué, calculé et re-crée par les codes d'un langage mathématique qui nous transforme en spectateurs impuissants.
Bernard Janody
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PAYSAGES CONTENUS & PAYSAGES EN SURSIS
La terre n’est plus l’unique fond de nos nécessités et nous sommes entrés dans lethéâtre des signes et des images. Comme le dit Michel Corajoud dans un article intitulé Philosophie et esthétique du paysage : « […] les paysages contemporains s’organisent sur le mode de l’image et du message. Ils sont univoques ».
Notre vision du paysage passe par la commodité et le plaisir immédiat. Le regard qu’on lui porte, relève à présent du spectacle, et non de la contemplation comme autrefois. Le paysage s’éloigne de la terre et les techniques du siècle dernier ont permis des stratégies d’aménagement qui s’imposent sans efforts sur les sites autrefois offerts à notre contemplation: tout y est rectifié, planifié, homogénéisé, exploité, rentabilisé. Le paysage entre désormais dansun système de production qui gomme les particularités culturelles etmorphologiques.
Ce que nous contemplons aujourd’hui n’est plus un paysage, mais une image très superficielle pleine de signes déployant des messages vers notre inconscient, comme s’il ne nous était plus possible d’assumer notre propre perception et personnalité. D’ailleurs, pour circuler dans ces espaces — paysages industriels, paysages urbains, paysages contenues et paysages en sursis — où les juridictions s’imposent, nous avons besoin d’équipements. Les corps se protègent, s’enveloppent pour éviter la promiscuité avec cet espace qu’ilsparcourent dans des circuits fabriqués.
Progressivement,le paysage se transforme en un vaste parc d’attractions, un terrain de jeux, unready-made qui ne s’interpénètre plus avec le ciel, la terre, et lecorps. En multipliant les artefacts, l’homme transforme et découpe les paysagesen puzzles. Il les balise de signes en se métamorphosant lui-même, à son insu.Il est omniprésent dans un univers qu’il veut maîtriser mais duquel ils’exclut.
A partir de notes de Bernard Janody